2023 année la plus meurtrière pour les journalistes depuis 2012

Mercredi 3 Janvier 2024

Genève, 3 janvier 2024 (PEC) Avec 140 journalistes tués, l’année 2023 a été la plus meurtrière de ces dix dernières années, a annoncé mercredi à Genève la Presse Emblème Campagne (PEC). Les deux tiers des victimes ont été recensées au Moyen-Orient, avec près d’un tué par jour au cours des trois derniers mois de l’année à Gaza.



Sur les 140 travailleurs des médias tués dans 28 pays, au moins 81 l’ont été à Gaza depuis le 7 octobre dernier (106 selon le bureau des médias à Gaza, les différences dans les chiffres sont dues à des différences dans la qualification de la profession de journaliste).  Il s’agit exclusivement de Palestiniens, la plupart travaillant pour plusieurs médias dont des médias étrangers. Ils ont été tués lors de frappes israéliennes indiscriminées, souvent à leur domicile, avec des membres de leur famille.  

Destruction systématique

«Nous condamnons ces frappes indiscriminées qui ne font pas la différence entre civils et combattants du Hamas. S’il est difficile de vérifier si les journalistes ont été intentionnellement ciblés ou non, l’armée israélienne a procédé à la destruction systématique des médias palestiniens à Gaza en bombardant leurs bureaux et leurs installations», a déclaré le président de la PEC Blaise Lempen.

Il s’agit du bilan le plus élevé dans les rangs des médias lors d’un conflit en un si court laps de temps. La PEC regrette que l’accès des médias étrangers à Gaza reste impraticable en raison des conditions de sécurité, ce qui empêche une information indépendante des parties au conflit.

Mexique, Guatemala, Ukraine

En dehors de la bande de Gaza, 59 journalistes ont été tués dans 27 pays. La situation ne s’est pas améliorée au Mexique avec 9 tués, elle s’est détériorée au Guatemala avec 5 tués. Quatre journalistes sont morts dans la guerre en Ukraine (1 Italien, 1 Français, 2 Russes), ainsi que 4 en Israël lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre.

Trois victimes ont été recensées au Cameroun, en Inde, au Liban, et au Pakistan. Deux victimes sont à déplorer dans les pays suivants : Afghanistan, Bangladesh, Haïti, Nigeria, Philippines, États-Unis d’Amérique.

Enfin, la PEC a dénombré un journaliste tué dans les pays suivants : Argentine, Canada, Colombie, Égypte, Honduras, Lesotho, Mali, Mozambique, Paraguay, Rwanda, Somalie, Soudan et Syrie.

Par région, le Moyen-orient arrive en tête avec 64 % des cas, soit 90 tués, devant l’Amérique latine 20 tués, l’Asie 12, l’Afrique 11, l’Europe 4 et l’Amérique du Nord 3.

La PEC condamne fermement toutes ces attaques et adresse ses condoléances aux familles et proches des victimes. L’ONG basée à Genève demande que les responsables de ces crimes soient poursuivis en justice le plus rapidement possible. En particulier, l’ONU doit enquêter sur les circonstances exactes dans lesquels les journalistes palestiniens ont trouvé la mort depuis le 7 octobre.

Hausse de plus de 20 %

Par rapport à 2022 (116 tués), année marquée par le début de la guerre en Ukraine, la hausse du nombre de victimes est d’un peu plus de 20 %. Lors de l’année 2012, la plus meurtrière depuis le début du siècle, 141 journalistes avaient été tués (dont 35 dans la guerre en Syrie).

Sur les cinq dernières années (2019 à 2023), les pays les plus dangereux pour les travailleurs des médias ont été la bande de Gaza (Palestine) avec 81 tués, devant le Mexique 61 tués et l’Ukraine 39 tués. Suivent le Pakistan avec 32 tués, l’Inde 31, l’Afghanistan 29, les Philippines 19, le Honduras 14 et la Syrie 14 également, puis Haïti 12 et la Somalie 10 tués.

Au cours des dix dernières années (2014 à 2023), 1147 travailleurs des médias ont été tués, soit2,2 par semaine en moyenne.

La PEC considère dans sa statistique tous les journalistes tués, que leur décès soit lié ou non à leur activité professionnelle. Il est en effet difficile de prouver qu’un crime est commis en relation avec le travail d’un journaliste sans une enquête indépendante et complète qui fait souvent défaut.

Liste des victimes, graphiques sur : https://pressemblem.ch/casualties.shtml