Première édition des journées nationales de l’artisanat

Mercredi 22 Novembre 2023


Le gouvernement mauritanien, par l’intermédiaire du Ministère du Commerce, de l’Industrie, du Tourisme et de l’Artisanat,
a organisé la première édition d’une semaine dédiée à l’artisanat, placée sous le thème « l’artisanat : source d’emplois» .
Cette manifestation s’est déroule dans les locaux de l’Office du Complexe Olympique de Nouakchott (OCON) du 17 au 22
novembre 2023, avec la participation de toutes les wilayas et de nombreux pays invités : Maroc, Algérie, Sénégal, Burkina
Faso, Mali….
Le coup d’envoi des journées a été donné par le ministre du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Tourisme,
Lemrabott ould Bennahi.
Ce haut responsable a souligné l’importance d’une manifestation « destinée à célébrer le génie créatif des artisans
traditionnels, mettre en valeur la richesse et la diversité du patrimoine national, éduquer le public sur sa dimension
symbolique, mais aussi et surtout économique, en insistant sur l’importance de le développer et le transmettre aux
générations futures» .
Ainsi, la tenue de la première édition des Journées Nationales de l’Artisanat, répond à une stratégie du département visant
« à mettre à contribution toutes les compétences et expériences à même de promouvoir et valoriser les métiers de
l’artisanat , augmenter la productivité, pour en faire un moyen de lutte efficace contre le chômage et la pauvreté » surtout
au sein des franges les plus dynamiques de la société, notamment les femmes et les jeunes.
Une démarche tout à fait pertinente, car le cas de la Mauritanie, de manière empirique et sans étude spécialisée, il est
parfaitement possible de dresser un constat : l’artisanat est un créneau porteur de l’économie informelle.
Dans le contexte d’un chômage aigu et d’une demande de travail qui ne faiblit pas, l’artisanat offre des opportunités
d’emplois qu’une formalisation à travers l’industrialisation, et la création de chaines des valeurs dans toutes les sous
filières, permettrait de multiplier à l’infini.
Après l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’artisanat est certainement le plus important pourvoyeur d’emplois du secteur
informel en Mauritanie.
Le génie des artisans
Forgerons, teinturières, cordonniers de toutes les communautés, tresseuses de nattes, confectionneuses de tentes,
potières……peuvent offrir une source de développement local, national et international.
Malgré le spectacle de dénouement offert à première vue par la plus part de nos marchés, la visite de leurs rayons permet
de découvrir des objets qui illustrent à merveille le génie et l’inspiration de nos artisans.
à ce titre, on peut un chapelet de merveilles  à découvrir à travers des éventaires de femmes offrant des coquillages,
bracelets, colliers, parures d’ambre, petits pendentifs, pâtes odorantes, perles d’ambre,…. Que dire des creux d’une main
teintée de henné, aux formes sublimes faites d’arabesques indescriptibles, destinés à ferrer les maris pour rendre
inoubliable la première nuit de noces.
L’artisanat mauritanien se rencontre également sur les dos d’animaux : chameaux, dromadaires, chevaux, ânes….
De manière générale, on peut noter que l’organisation de la première édition des journées nationales de l’artisanat
intervient dans un contexte marqué par une tendance lourde, une importante évolution .
Les braves hommes et femmes, qui font vivre l’art en Mauritanie, de manière informelle, sont allés au-delà de la
fabrication des objets de première utilité. Ils confectionnent désormais d’autres produits pour la décoration : petits
miroirs, des bagages féminins en miniature, de petites selles et une multitude de choses pouvant servir de cadeaux
symboliques.
L’art du cuir est utilisé sous des formes multiples : parures, amulettes, pochettes, portes monnaie. Celui du bois est tout
aussi important par le spectre couvert, dans le cadre du travail des artisans mauritaniens, de la vie économique et sociale.
De toutes les activités liées à la transformation des métaux, celle du forgeron est la plus utile d’un point de vue économique
et social.
Chapeau bas aussi pour ces bijoutiers, massivement présents aux journées, avec des stands dans lesquels on a retrouvé un
génie transmis par la flamme des origines, parfaitement reflété par les objets exposés : bagues, bracelets, boucles
d’oreilles,, broches en utilisant l’or ou l’argent.

Réactions contrastées des exposants
Sur le principe, l’organisation de ces journées est globalement saluée par les exposants, même si certains relèvent des
couacs dans le déroulement.
Mohamed Mahmoud, vice président de la coopérative des artisans de Néma, capitale du Hodh Oriental, salue la tenue d’un
événement qualifiée« d’excellente initiative, qui permet de rendre visible notre expertise et nos produits, à l’image des
objets que nous exposons dans ce stand : selles pour animaux à base de cuir traditionnel, portes monnaie, de nombreux
autres objets fabriqués à la main. Le tout est produit au niveau local, sans intervention extérieure ».
Très présente dans les foires et expositions, au niveau national et international, depuis plusieurs années, Maro Boubouna
Diagana, approuve l’idée de l’organisation des journées nationales de l’artisanat.
,Mais elle déplore le format de l’emplacement des stands. Cette dame qui a exposé des habits teints à l’indigo par ses
propres mains « regrette une certaine forme de favoritisme, au détriment de tous les exposants dont les stands étaient
implantés hors de la tente principale. Une opération qui n’aura finalement pas rapporté grand-chose pour moi, pendant ces
5 jours. Tous ceux qui ont acheté à mon stand, ce sont des clients habituels venus à la maison, et à qui j’ai demandé de me
retrouver ici ».

Amadou Seck Seck