Le dîner à la Maison Blanche attendra est l’histoire d’un drame. Le drame d’une femme de la trempe de celles-là qui sont «trop belles pour être heureuses», ainsi qu’en a fait mention son préfacier, Ibou Fall. Un drame, une bien triste sénégalaiserie, qui expose «un viol à partir duquel tout bascule» (heu..?).
Vrai, parce que vraisemblable
Mariage forcé, amour interdit, infanticide, exil forcé. Tout y est. Tout, pour faire un texte capable d’arracher une larme. Tout, pour provoquer de la passion dans la voix et le timbre d’une Aïssata Tall Sall qui a pris congé du tracas de l’Hémicycle pour une bouffée d’air littéraire. Le roman naît de fertiles imaginations, «mais il se trouve que dans ce roman-là, on retrouve des passages d’une réalité à la limite qu’on peut saisir». Mme A. Tall Sall en est alors ressortie avec une impression de réalité enrobée dans de la fiction. «On l’a vécu quelque part, on l’a vu quelque part, on l’a su quelque part, on me l’a raconté quelque part.» Quelque part dans Dakar, un jeudi 19 décembre 2024, Madiambal Diagne fait la cérémonie de présentation du dîner. Vraisemblable, ce dîner. Donc, vrai. «Nous les juristes, et Madiambal en est un, on a l’habitude de dire qu’avant que quelque chose ne soit vrai, il faudrait qu’il soit d’abord vraisemblable», dit l’honorable Tall Sall.
Mame Less Camara aurait vu du Günter Wallraff dans le roman du sieur qui en est à son premier et ne compte arrêter le décompte à l’unité. (Wallraff, nom lâché par le regretté Mame Less lors d’une discussion avec Sada Kane à la 2s Tv). Wallraff, parce que Le dîner à la Maison Blanche attendra est une livre de situation. Madiambal ne s’est pas déguisé comme l’aurait fait le journaliste d’investigation allemand, mais les deux ont ceci de commun qu’ils ont le réel comme matière. Dans ce livre, «tout est vrai», dit l’auteur. «Tout est vrai jusqu’aux lieux, jusqu’au moindre restaurant, jusqu’à la moindre avenue, jusqu’à la moindre boutique.» Tout est vrai.
Mariage forcé, amour interdit, infanticide, exil forcé. Tout y est. Tout, pour faire un texte capable d’arracher une larme. Tout, pour provoquer de la passion dans la voix et le timbre d’une Aïssata Tall Sall qui a pris congé du tracas de l’Hémicycle pour une bouffée d’air littéraire. Le roman naît de fertiles imaginations, «mais il se trouve que dans ce roman-là, on retrouve des passages d’une réalité à la limite qu’on peut saisir». Mme A. Tall Sall en est alors ressortie avec une impression de réalité enrobée dans de la fiction. «On l’a vécu quelque part, on l’a vu quelque part, on l’a su quelque part, on me l’a raconté quelque part.» Quelque part dans Dakar, un jeudi 19 décembre 2024, Madiambal Diagne fait la cérémonie de présentation du dîner. Vraisemblable, ce dîner. Donc, vrai. «Nous les juristes, et Madiambal en est un, on a l’habitude de dire qu’avant que quelque chose ne soit vrai, il faudrait qu’il soit d’abord vraisemblable», dit l’honorable Tall Sall.
Lire la chronique – Qui te rend si hardi de préfacer Madiambal ?«Madiambal Diagne a wallraffé», aurait dit Mame Less Camara
Mame Less Camara aurait vu du Günter Wallraff dans le roman du sieur qui en est à son premier et ne compte arrêter le décompte à l’unité. (Wallraff, nom lâché par le regretté Mame Less lors d’une discussion avec Sada Kane à la 2s Tv). Wallraff, parce que Le dîner à la Maison Blanche attendra est une livre de situation. Madiambal ne s’est pas déguisé comme l’aurait fait le journaliste d’investigation allemand, mais les deux ont ceci de commun qu’ils ont le réel comme matière. Dans ce livre, «tout est vrai», dit l’auteur. «Tout est vrai jusqu’aux lieux, jusqu’au moindre restaurant, jusqu’à la moindre avenue, jusqu’à la moindre boutique.» Tout est vrai.
Un jour, un vol d’avion, des rencontres. Madiambal Diagne est embarqué avec des jeunes qui s’envolaient pour un ailleurs supposé meilleur. «J’ai pu échanger avec eux, garder des contacts. Et ces personnes, hommes et femmes, sont restées pendant tout le long de leur pérégrination, en relation étroite avec moi, pour partager leurs peines, leurs satisfactions, leurs inquiétudes, leurs angoisses.» Photos, vidéos, narration de scènes vécues. Et voilà que se constitue une bonne moisson de matériaux qui aidera à architecturer une histoire. Et voilà qu’une conscience humaine est interpellée. Et voilà un esprit de journaliste qui est obligé de se saisir d’un sujet. Et voilà, le père de famille, avant tout, qui ne saurait être indifférent. Le dîner à la Maison Blanche attendra peut-être, mais la production littéraire consacrée à ce dîner remis à plus tard, elle, n’attendra pas.
«Je veux décourager l’idée d’aller à l’aventure»
Collé à la réalité, le roman. Collé aux faits, le livre. Et au fait qui a cristallisé les discussions après présentation : collé à la migration clandestine, cet ouvrage qui vient après un sur Sonko et Adji, un sur Macky Sall, un sur Amadou Ba, tous quatre publiés aux éditions du Quotidien. Evoquer ce phénomène qui noie des milliers dans le ventre de l’Atlantique, ensevelit des milliers dans le désert, martyrise des milliers sur les routes du Nicaragua synonymes d’espoir d’atteinte du pays où il y a Dieu et le dieu dollar (162ème page), c’est pour, d’une part, décrire «les limites d’un pays sous-développé» et, d’autre part, lancer un message d’espoir. Invraisemblablement : faire espérer en décourageant le départ vers l’aventure.
Faire espérer, c’est aussi tuer Kéthiel
Le parcours de Kéthiel que le romancier fait arriver à bon port, qui fera d’ailleurs une première balade à Manhattan (p.228), n’est-il pas preuve d’espoir. Parce que ce n’est pas tout aventurier qui survit au périple. Elle a survécu, la «pute» qui s’est révoltée (p.120) ! Seulement, Madiambal est de ces romanciers à la plume assez froide pour tuer leurs personnages. Leur personnage principal. Spoil : Kéthiel survivra au Nicaragua, mais ne survivra à son créateur, puisque Madiambal Diagne la tuera. C’est cependant dans la logique du projet. Kéthiel, vivante, serait un message d’espoir aux hordes d’aventuriers qui ne demandent qu’à braver la mort pour atteindre l’eldorado. Il faut la tuer. De sa mort naîtra le message d’espoir de M. Diagne. Kéthiel, morte ? Non ! Son créateur veut qu’elle survive à sa froideur, comme Hercule Poirot avait survécu à une certaine Agatha Christie…
Par Moussa SECK
«Je veux décourager l’idée d’aller à l’aventure»
Collé à la réalité, le roman. Collé aux faits, le livre. Et au fait qui a cristallisé les discussions après présentation : collé à la migration clandestine, cet ouvrage qui vient après un sur Sonko et Adji, un sur Macky Sall, un sur Amadou Ba, tous quatre publiés aux éditions du Quotidien. Evoquer ce phénomène qui noie des milliers dans le ventre de l’Atlantique, ensevelit des milliers dans le désert, martyrise des milliers sur les routes du Nicaragua synonymes d’espoir d’atteinte du pays où il y a Dieu et le dieu dollar (162ème page), c’est pour, d’une part, décrire «les limites d’un pays sous-développé» et, d’autre part, lancer un message d’espoir. Invraisemblablement : faire espérer en décourageant le départ vers l’aventure.
Ravages du cyclone Chido : L’appel au secours des Sénégalais de MayotteLe président démissionnaire de l’Union internationale de la presse francophone (Upf) de dire : «Mon plaidoyer dans ce livre, c’est de faire en sorte que les jeunes croient qu’ils peuvent trouver une issue dans leur propre pays. Je veux décourager l’idée d’aller à l’aventure.» L’herbe est peut-être moins verte dans ce New York qui ne veut pas de Kéthiel (p.248). Espoir, écrit Monsieur Diagne. Espoir, crie celui qui n’a pas qu’imaginé une Kéthiel et son histoire pour s’essayer au roman. Kéthiel, n’est-ce d’ailleurs un élément qui permet de dresser le profil-type du Sénégalais qui prend eaux, déserts et forêts denses dans l’espoir de rejoindre le pays des merveilles (p.187).
Faire espérer, c’est aussi tuer Kéthiel
Le parcours de Kéthiel que le romancier fait arriver à bon port, qui fera d’ailleurs une première balade à Manhattan (p.228), n’est-il pas preuve d’espoir. Parce que ce n’est pas tout aventurier qui survit au périple. Elle a survécu, la «pute» qui s’est révoltée (p.120) ! Seulement, Madiambal est de ces romanciers à la plume assez froide pour tuer leurs personnages. Leur personnage principal. Spoil : Kéthiel survivra au Nicaragua, mais ne survivra à son créateur, puisque Madiambal Diagne la tuera. C’est cependant dans la logique du projet. Kéthiel, vivante, serait un message d’espoir aux hordes d’aventuriers qui ne demandent qu’à braver la mort pour atteindre l’eldorado. Il faut la tuer. De sa mort naîtra le message d’espoir de M. Diagne. Kéthiel, morte ? Non ! Son créateur veut qu’elle survive à sa froideur, comme Hercule Poirot avait survécu à une certaine Agatha Christie…
Par Moussa SECK