Le refus d'une partie de l'assemblée nationale de réciter la Fatiha à la mémoire des 28 militaires martyrs négro-africains, victimes de crimes contre l'humanité de la part de certains de leurs compagnons d'armes chauvins, pour commémorer la fête de l'indépendance nationale est incompréhensible.
Aujourd'hui, personne ne conteste la réalité de cette abomination. Pas même les instigateurs ou bourreaux comme le démontre le vote de la loi d'amnistie scélerate d'août 1991 par laquelle ils s'auto-pardonnent naïvement. Tout le monde s'accorde pour dire que ce drame absolu constitue l'élément central du passif humanitaire dont le règlement définitif permettra de tourner l'une des pages les plus sombres de notre histoire, de consolider et d'approfondir l'unité nationale, par la vérité, la justice et le pardon.
Donc la récitation de la Fatiha aurait pu être une occasion d'action commune de fraternité et de compassion entre les députés de toutes nos communautés, au moment oû le Pacte republicain en fait l'un des points d'accord entre les signataires dont le gouvernement.
Mais ceux qui avaient initié cette prière l'avaient-ils préparée et l'avaient-ils proposée au préalable ? Sans justifier le refus qui leur a été opposé, il est certain qu'une initiative d'une telle portée politique et sociale, d'un tel impact psychologique ne peut être proposée le jour méme sans risques d'amalgames et de malentendus, à des députés venus d'horizons aussi divers et dans une assemblée aussi improbable et divisée que celle issue des dernières élections. Il faut le dire : l'assemblée nationale que nous avons est clairement le terreau du populisme de toutes les nuances possibles - oû la surenchère, la stigmatisation et la crasse incompétence règnent en maîtresses absolues. De chambre d'enregistrement traditionnel qu'elle était, elle est devenue la chambre d'amplification de tous les mauvais sentiments du pays, la boîte noire de toutes nos divisions.
Ce 27 novembre tout particulièrement doit inciter à plus d'efforts et à plus de courage pour l'entente nationale en vue de résoudre définitivement ce passif humanitaire qui continue de nous mortifier et de nous diviser.
Gourmo Lô, 26 novembre 2023