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Mémoires de mon attachement à la Mauritanie (par gaston kelman) / Actualites, Mauritanie, Politique, Société / Par Afrique Midi / 25 août 2024 /

Mardi 27 Août 2024

Y’en a qui vous parlent d’Amérique,
Ils ont des visions de cinéma
Ils vous disent quel pays magnifique,
Notre Paris n’est rien auprès d’ça(…)
Encore un de plus qui le ventre vide
A New-York cherchera un dollar


C’est ainsi que la chanteuse française Frehel, cette autre Môme précurseur de la Môme Piaf, présentait en 1936, «les gueux, les prostrés, les émigrants aux cœurs meurtris » qui, tenaillés par les crises européennes de l’entre deux guerres, quittaient la ville lumière et allaient aux Amériques en quête d’une vie meilleure. 
Bien plus tard, avec la crise des années 1980, la roue a tourné et le cycle reprend ailleurs. Cette fois, ce sont les Africains qui affluent vers la rive nord de la Méditerranée. En 2007, une autre artiste, la cinéaste camerounaise Joséphine Ndagnou décrit le salut migratoire dans un film émouvant intitulé Paris à tout prix. Si les migrants européens  n’avaient que le complexe du dollar, les Africains ont surtout celui du colonisé qui leur fait penser qu’en plus d’aller vers l’eldorado, ils abordent aussi les rives de la supériorité raciale, de la démocratie, des droits de l’homme et d’autres valeurs adjacentes dont l’Occident est supposé porteur. 

Mirage parisien éventré 

Très vite, le migrant vers l’Amérique va regretter Paris, son Moulin Rouge place Blanche, ses tabacs, ses bistrots « du coin », sa butte Montmartre, la convivialité de Paris où l’on bouffait « même sans avoir un rond ». Seule la crise le fait partir, même s’il a voulu croire un instant à la vision de cinéma qui lui présentait un pays magnifique. Le migrant africain, parce qu’on «avait fourré dans sa pauvre cervelle qu’une fatalité pesait sur lui qu’on ne prend pas au collet », parce que le Blanc est supérieur, l’Africain entreprendra, en plus de la quête matérielle, un voyage initiatique vers la terre qu’il faut voir à tout prix pour devenir le «nouveau blanc », un humain accompli. Il attendra que l’univers qui l’a déshumanisé, esclavagisé et colonisé, lui apprenne le respect des droits de l’homme et la démocratie, en un mot, des valeurs qu’aujourd’hui encore, lui-même n’applique pas à l’Africain. Il ira pleurer chez le maître pour que l’on l’aide, que l’on finance ses actions humanitaires. Et il présentera sa terre comme une terre maudite ; et il admettra que la malédiction de Cham pèse encore et toujours sur lui. 
Si vous voulez entendre dire du mal de l’Afrique, tendez le micro aux Africains. «On avait fourré dans sa pauvre cervelle… ».

Référence mourabitoune

Ils vont même plus loin. Si pour eux, la référence c’est le pays de l’Oncle Sam ou celui de Napoléon, ils ne comprendront pas que ma référence à moi soit la Mauritanie et ces hirondelles qui strient de plus en plus de leur vol léger et conquérant, notre firmament ensoleillé. Les pays qui se sont développés grâce à l’esclavage des leurs, leur ont appris que la Mauritanie est terre d’esclavage et que ce n’est pas bien. Le pays où le Rassemblement National, un parti raciste caracole en terre des sondages, cet autre où au 21ème siècle, on doit encore crier que Black lives matter, qui n’admettent pas que l’Afrique ait la bombe atomique ou une place permanente au Conseil de l’Onu, les pays qui veulent enfermer l’humanité dans la pensée unique, deviennent les références de l’égalité, de la fraternité, et de la défense des libertés. 

Sénégal : laboratoire d’idéologies 

Un beau matin, à mon réveil, alors que je construisais dans ma tête cet article, je tombe sur une vidéo de  six minutes dans laquelle une Camerounaise s’en prend au président et au premier ministre sénégalais. Le titre de l’enregistrement : Diomaye et Sonko ont-ils berné le peuple ? L’enregistrement n’a pas grande importance, la langue est chaotique et la dame qui aimerait avoir l’audience d’une Nathalie Yamb, est une parfaite inconnue. Mais elle exprime cette haine de soi postcoloniale qui fait que le succès des jeunes leaders est iconoclaste. Leur échec est programmé. Elle n’a pas le temps d’attendre que cet échec se manifeste. Elle reproche au jeune président d’en être à sa troisième visite à l’Elysée et le suspecte d’être un autre sous-préfet de Paris, comme son prédécesseur. Puis comble de l’inacceptable, il s’en est allé à l’Elysée avec une seule de ses femmes alors qu’il est polygame. Elle conclut que « ce duo de jeunes qui a donné un espoir vibrant à la jeunesse sénégalaise » et africaine, est en train de décevoir. Elle veut « comprendre ce qui n’a pas marché » puisqu’on constate aujourd’hui que « vous êtes tout, sauf les sauveurs du peuple sénégalais, et par ricochet, de cette Afrique ». En six mois, ils ont donc échoué à être les sauveurs de l’Afrique.
Me reviennent à l’esprit les propos de ce voisin dans l’avion qui m’amenait d’Abidjan à Nouakchott, à la veille de l’investiture du président élu. C’était un jeune Sénégalais qui descendra à l’escale dakaroise. Je lui ai posé la question, ce qu’il pensait du duo au pouvoir. « Les enfants sont en train de s’amuser », m’a-t-il appris. Les enfants ont sensiblement son âge. Ils ont conquis le pouvoir de grande lutte. Ils ont évité tous les pièges tendus par Macky Sall, le président sortant. Le jugement de leur cogénérationnel, après seulement six mois au pouvoir est pourtant sans appel : ils s’amusent. 
Et pour terminer la chronique de l’échec annoncé, j’ai constaté que beaucoup, certes les moins pessimistes, juste dubitatifs, craignent qu’il y ait un clash entre les deux têtes de l’exécutif dakarois. On ne saurait s’imaginer que les Africains, encore assez fragiles, réussissent comme les Russes Poutine et Medvedev. Et c’est pourtant le pari qu’il faut faire, comme jadis j’ai osé celui du décollage de Nouakchott. La renaissance africaine est en marche. Les hirondelles strient le ciel de la belle saison des moissons. Les choses vont peut-être plus vite sous le ciel limpide du Sahel que sous celui couvert par la canopée équatoriale. Mais rien ne sera plus jamais comme avant. 


Ma rencontre avec la Mauritanie

Je l’ai dit et je le redirai encore et encore, je ressens beaucoup de sympathie pour le peuple mauritanien. Ce sentiment est un réflexe de gratitude. Jugez-en vous-même.
Je me souviens de cet épisode de la vie de Manu Dibango que je relate dans le livre de mémoires pour lequel je lui ai servi de plume. À la sortie de sa chanson à succès Soul makossa, le saxophoniste est invité aux Etats-Unis pour une série de concerts qui devait durer un mois. Il y restera deux ans, jusqu’à ce que le président ivoirien de l’époque, Félix Houphouët Boigny, l’invite à venir travailler dans son pays. L’accueil est chaleureux. Manu se met au travail. 
Au fil du temps, le comportement de ses hôtes va changer. Manu n’est plus en odeur de sainteté. Jusqu’au jour où l’on demande sa tête au président de la république. Le seul reproche qu’on lui fait, c’est d’être un Noir. Les Ivoiriens ne peuvent plus supporter de se voir dirigés par un étranger grassement payé. Ils clôturent leur accusation en disant, «si au moins c’était un Blanc ». Il m’est arrivé plusieurs fois de vouloir écrire des textes sur des leaders de l’Afrique centrale ou sur leur pays. Je n’ai jamais réussi à en convaincre un seul, malgré ma notoriété affirmée. Il leur fallait une plume blanche, pour des résultats pour le moins mitigés. Leurs rédacteurs fort logiquement incapables d’entrer dans la psychologie locale, alignaient des catalogues de lieux communs enrobés dans de la  bien pensante mièvre.  

Perle et plume ébène 

Puis un jour, je suis abordé par un jeune homme, la trentaine naissante. Il lui faut un écrivain pour décrire un épisode politique de son pays. Le jeune homme est mandaté par le président de la république. C’était au temps où je caracolais au sommet de la notoriété française en termes de valeur éditoriale. Des relations communes ont orienté ce jeune homme vers moi. Il faut dire que ce véritable puits de culture me connaissait de renom. Maintenant, il fallait convaincre le président. Il lui a dit qu’il avait trouvé l’homme qu’il fallait. Il a pris néanmoins la précaution de lui avouer que la perle rare était une perle noire. Dans le domaine de la nacroculture, cette couleur ajoute de la valeur. Tel n’est pas le cas pour les perles humaines. Manu et moi, nous en savions quelque chose. 
« Tu me dis que cet écrivain dont j’ai entendu parler, avec son drôle de nom de blanc est un noir ? Si tel est le cas et qu’il a eu un tel succès, c’est qu’il est le meilleur». Cet échange s’est tenu entre le regretté Ely Ould Mohamed Vall, le président de la transition mauritanienne de 2005 et son émissaire Jemal Oud Taleb, devenu depuis une grande personnalité du barreau parisien et du landerneau politique mauritanien, et accessoirement mon petit frère. Voilà avec quelle anecdote j’aborde les rives du pays réputé le plus raciste antinoir d’Afrique, sinon de la planète. Mettez-vous à ma place et dites-moi que vous seriez restés indifférents à son destin.

Les dirigeants mauritaniens, et un cap 

Depuis mon premier séjour en 2006, j’ai visité plus de vingt fois le pays des Ould, comme je désigne la Mauritanie. Je me souviens qu’au cours d’une tournée de conférences aux Etats-Unis, je devais séjourner dans plusieurs états. J’avais constaté qu’à chaque contrôle de police de l’aéroport, je faisais l’objet d’une attention particulière, fouille au corps, questions bizarres. Un agent moins acariâtre que les autres m’a expliqué que mes nombreux voyages en Mauritanie me rendaient suspect. En effet mon passeport était constellé de visas délivrés par  ce pays. C’était au temps où il était sujet à des attentats fréquents, comme une base avancée du terrorisme. Qu’en est-il aujourd’hui ! Jugez-en vous mêmes. Le pays est le plus sûr de la région. Alors, mettez-vous à ma place. Ceci est le résultat de l’envol sans retour de mon hirondelle mourabitoune. Ceci est le travail soutenu de tous les dirigeants qui se sont succédés à la tête de ce pays. 
Il y eut Ely Ould Mohamed Vall ou la sérénité
Il m’avait bien vite tutoyé et m’avait invité à faire de même à son égard. Je lui ai répondu que je n’en serais pas capable, tellement j’avais de l’admiration pour lui. J’ai continué à le voussoyer, tout en ressentant une fierté inqualifiable qu’il m’ait adopté. Pourtant les choses avaient bien mal commencé. 
C’était vers la fin de la période de deux ans qu’il s’était accordée pour remettre la Mauritanie sur la bonne voie. Jemal avait organisé notre première rencontre. Je me suis permis de rater le vol d’Air-France qui partait de Roissy vers 15 heures. Informé de ma mésaventure, mon ami qui m’avait précédé à Nouakchott, a mis tout en branle pour que je puisse prendre le vol d’Air Mauritanie qui partait de l’aéroport d’Orly deux heures plus tard. Dans cette mésaventure, une seule satisfaction : l’on a retardé un vol pour moi tout seul. C’est le genre de chose qui soigne un égo. Mettez-vous à ma place
Je me souviens avec beaucoup de bonheur de mes débats avec le président dans les déserts de Boutilimit et de Benichab où il avait des propriétés. Je me souviens encore de mon premier voyage dans ces espaces insondables. Le chauffeur roulait et roulait et je me demandais comment il se repérait. Je le lui ai demandé. En se tapotant la tempe, sourire en coin, il m’a répondu que son GPS était dans sa tête. 
Ce premier soir, je rêvais d’un campement présidentiel, qui comme son nom l’indique, serait cinq étoiles, de type château de Mille et une nuits, puisque les Ould sont un peu assimilables  au monde arabe. Nous sommes arrivés vers vingt-une heures. Le président qui était entouré d’une vaste cour d’amis, de parents et de personnel de service, m’a réservé un accueil des plus chaleureux sous la tente qui devait être centrale. J’en entrevoyais d’autres à gauche et à droite. J’étais assez perplexe, ne voyant pas de bâtisse à l’entour. Je me disais que dans l’obscurité opaque de cette nuit sans lune, un château derrière une dune de belle taille, ne serait pas visible. 
Nous avons dîné. Puis il a fallu se coucher. Le président m’a souhaité bonne nuit, a posé sa tête sur l’un des nombreux coussins qui jonchaient le sol de la tente, s’est enroulé dans son gandourah. On m’a désigné une caravane de bien modestes dimensions. Elle avait été prévue pour des étrangers comme moi dont on savait d’avance que la première nuit à la belle étoile pouvait causer un certain choc. Adieu veaux vaches perdrix… château. Au désert, on fait comme le bédouin. J’aurais dû le savoir, Antoine de Saint-Exupéry m’avait prévenu. Chez ces gens là…
Je me souviens de nos interminables échanges pendant les journées que nous passions au pied des dunes et à l’ombre de la tente. Nous parlions de tout, de la politique africaine, de la renaissance qui était en marche, de la certitude contagieuse que la Mauritanie ne reviendrait plus jamais en arrière. « J’ai tout cadenassé». J’admirais la fierté de cet homme, son grand amour pour son pays, sa foi pour son peuple. Nous avons parlé la persistance de l’esclavage en Mauritanie. Il n’a pas nié le fait historique, a déploré la fixation de tout le monde sur les Maures, alors que cela se passait ailleurs parfois avec plus de brutalité et moins de volonté de combattre le phénomène. Toujours confiant en son peuple, en sa capacité de résilience il soupirait, « nous allons combattre et éradiquer ces séquelles ». 
Quelques illustrations symboliques. Ely Ould Mohamed Vall, toujours avec cette fierté bédouine, s’est attaqué aux contrats léonins que le pays avait signés avec les multinationales prédatrices et rodées aux mécanismes de la corruption pour s’offrir le sous-sol africain à vil prix. Il en a exigé une réécriture plus équitable. Bien entendu, les majors ne voulaient rien entendre. « Vous avez votre réputation à défendre, moi j’ai le temps. Je vais lâcher les ONG et la société civile à vos trousses et vous ne vous en tirerez pas sans gros dégâts ». Le président a gagné. Je lui ai posé la question qui me taraudait. « À aucun  moment, vous n’avez eu peur que comme d’habitude ils montent votre propre camp contre vous et que vous soyez victime d’un coup d’État ! ». La naïveté avec laquelle il m’a répondu m’a laissé sans voix. « Je n’y ai même pas pensé ». Puis comme pris d’une angoisse rétrospective… « Il fallait bien que quelqu’un commence ». Il a introduit la sécurité sociale pour tous, a mis en chantier le doublement du salaire des fonctionnaires dont il voulait qu’il soit l’indicateur du pouvoir d’achat des Mauritaniens. « Gaston, on ne peut pas donner à quelqu’un un salaire mensuel à peine équivalent au prix d’un sac de riz et exiger qu’il travaille normalement. Soit il volera s’il le peut, soit aux heures de travail, il ne sera ailleurs pour arrondir ses fins de mois ». C’était aussi pour lui, le meilleur moyen de mettre fin à la corruption.
Tel était mon Ely Vall, un chevalier sans peur et (peut-être) sans reproche conscient. Son meilleur ami, camarade de classe à l’école primaire, comme enfant de troupe en France puis à l’académie Royale de Meknès au Maroc, était un Haratine. Il m’a choisi parce que j’étais le meilleur à son avis, là où beaucoup de mes frères noirs m’ont rejeté parce que j’étais noir. En mon honneur, il a organisé une fête dans le désert, animée par le meilleur griot de Mauritanie. Je dois à cet homme le sobriquet que m’a collé Jemal, Gaston Allemagne. En effet, pour chanter mes « louanges » dans le pur style griotique, il devait déclamer mon nom au fil de son chant. N’arrivant jamais à le retenir, il n’arrêtait pas de se tourner vers Jemal pour lui demander, « quel est son nom », et essayant de le reproduire, il chantait Gasto’ Allemaaaaagn’ »


Et puis, il y a les autres
Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai demandé à Ely de ne pas quitter le pouvoir, que la personne qui lui succéderait ne pourrait jamais mettre en chantier le projet qu’il portait dans sa tête. Le grand homme ne m’a pas couté. Son successeur, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, une année après sa prise de pouvoir a été emporté par le coup d’état de Mohamed Ould Abdel Aziz, puis par l’oubli et ensuite par la mort. On m’a ri au nez. Mais l’hirondelle avait bel et bien pris son envol et cette petite tempête n’a pas infléchi son cap. 
Le président Aziz sera l’artisan de la sécurisation de son pays. Avec lui, le calme est revenu dans le désert mauritanien. L’homme a l’allure martiale chevillée au corps et aux tripes. Il a dézingué quelques bastions qui faisaient la pluie et le beau temps même au sommet du pouvoir. Mais l’homme m’a surtout impressionné par son courage et sa fierté qui est l’ADN du Mauritanien. On raconte cette anecdote. Un jour, il reçoit en audience l’ambassadeur d’une puissance occidentale. L’homme est venu lui faire une leçon de civilisation. Bien qu’il parle la langue du diplomate qui lui aussi maîtrise l’arabe, chacun s’exprimera dans son idiome natal. Un interprète fera la traduction. L’homme récite à Aziz que l’on n’est pas content de lui, qu’il devrait infléchir sa politique sur les droits de l’homme, que… Le président l’écoute à peine. Puis il aurait dit au traducteur, « dites à ce chien de sortir de mon bureau ». Le traducteur est vert d’angoisse. « Il comprend notre langue Monsieur le président », marmonne-t-il. « Mais je l’espère bien », rétorque Aziz. Comme pour dire au spécialiste, ce n’est pas la peine d’édulcorer mon propos. 

Enfin Ghazouani vint

Sous le signe du 19, comme le Covid. C’est en 2019 que Mohamed Ould Ghazouani accède à la magistrature suprême. Il sera réélu en 2024. Pour définir l’homme, je n’ai pas trouvé mieux que ce qu’en dit un membre influent de l’opposition radicale. «A s’en tenir aux dires concordants de ceux  qu’il reçoit, l’aptitude au consensus l’habite et façonne son tempérament. La vox populi le répute peu enclin à l’avidité matérielle, affable, à l’écoute et profondément réfractaire à la violence. Il n’hésite pas  à rendre service aux anonymes et, je puis en témoigner, ne leur réclame pas de contrepartie. Le culte de la personnalité le dérange mais il le supporte, par courtoisie envers le laudateur. Il fuit le scandale davantage qu’il n’incline à la réparation résolue des  erreurs et fautes de sa cour ». Qui dit mieux ? Qui ne rêverait pas de voir son pays dirigé par une telle personne ! Rappelons-le, cette description n’est pas d’un thuriféraire, mais d’un opposant farouche.
Est-ce à cause de l’aléa du Covid19, l’homme va placer son premier mandat sous le signe du social. Les secteurs sur lesquels il axe ses priorités sont la sécurité sociale pour tous, mais aussi l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation, au minimum vital pour tous les Mauritaniens. Ce n’est pas tout. Sur un autre volet, pour le Sunday Times, Le président « a imposé le calme après des décennies de turbulences » et résultat de ce succès, le monde entier afflue vers la Mauritanie de Mohamed Ould Ghazouani : la France, l’Union européenne, l’OTAN, la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie. Si bien que, poursuit le journal, l’année dernière, le magazine américain Foreign Policy titrait : «Pourquoi tout le monde courtise la Mauritanie ». Pour le nouveau mandat, l’orientation sociale se poursuit avec comme mot d’ordre, la jeunesse. 

Mauritanie, terre de melting-pot gouvernemental

Cela fait bientôt vingt ans que je visite la Mauritanie. Chacun de mes voyages me comble de joie. Si quelqu’un trouve que je suis optimiste, il ne se trompe pas. S’il pense que j’aime ce pays, il me comble, car c’est bien le cas et je voudrais que cela se sache. Il y en a qui vous parlent d’Amérique. D’autres courent vers le maître occidental pour accuser leur pays et demander de l’aide. Si vous voulez entendre dire du mal de l’Afrique, tendez le micro à un Africain. On avait fourré dans sa pauvre cervelle qu’une fatalité pesait sur lui qu’on ne prend pas au collet. Si vous ne pouvez pas souffrir que je dise du bien d’un pays dont le parcours me satisfait, je ne peux pas faire grand-chose pour vous. 
Je me souviens de cette délégation que j’ai conduite à Nouakchott pour qu’elle fasse une enquête sur la fameuse problématique de l’esclavage. Sa conclusion était, « si nous disons la vérité, si nous racontons ce que nous avons vu, nous ne serons pas crédibles ». Et quand vous exposez les faits, on vous parle de saupoudrage. Je vous convie à admirer celui-ci. Restons chez deux voisins du Maghreb qui ont des populations arabo-africaines et négro-africaines. Il s’agit du Maroc et de la Tunisie. Jetez un coup d’œil sur leurs gouvernements : pas un seul négroïde. Prenez le gouvernement mauritanien. Vous finirez comme moi, par aimer le « saupoudrage ». 
Un ami qui avait lu mon dernier article sur ce pays ami m’a dit : Tu ne changeras jamais. Dieu m’en garde ! 







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Modification de la loi régissant les partis : rejet catégorique de Mohamed ould Maouloud

Le gouvernement a examiné et adopté, un projet de loi modifiant l’ordonnance de juillet 1991, régissant le cadre juridique des partis politiques, au cours d’un Conseil des Ministres tenu le mercredi 25 décembre.

Le nouveau texte, qui sera soumis au vote d’une majorité mécanique  en mode « Fast-Track » au cours des prochaines semaines, vise à donner « plus de vitalité » au paysage politique, selon le communiqué publié à l’issue de la réunion du gouvernement.
Une explication officielle catégoriquement rejetée par la  mouvance de l’opposition, qui dénonce « une loi liberticide » dont les effets pernicieux, risquent de faire basculer la Mauritanie dans une espèce de  démocratie bancale, proche  d’un système de parti unique, compte tenu des  nouvelles conditions exigées, pour délivrer un récépissé aux associations à caractère politique et des performances obligatoires  pour continuer à exister au delà de 2  échéances électorales au niveau municipale.
Si bien que  la Mauritanie  se retrouve avec une nouvelle loi affichant des dispositions en  recul,  comparées  à une ordonnance adoptée sous un régime d’exception. Un affaissement dénoncé par toutes les forces de l’opposition et même des partis de la majorité.
Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), un parti membre de la Coalition des Forces du Peuple (CFP), rejette catégoriquement le nouveau  texte, proposé par le gouvernement « j’exprime notre opposition par rapport à ce projet de loi, pour trois (3) raisons. La première, il contrevient à l’esprit et la promesse d’un dialogue entre acteurs politiques, sur les grandes questions nationales, d’autant plus que le premier Ministre avait annoncé à travers sa Déclaration de Politique Générale (DPG), que la loi sur les partis serait un  des points les plus importants dans la perspective du dialogue auquel il avait appelé en ce moment.
 Alors, comment se fait-il que le gouvernement, décide d’introduire de manière unilatérale le texte, sans attendre le dialogue ? Sauf à considérer que les concertations récentes entre le ministère de l’intérieur et les partis politiques, peuvent remplacer un dialogue. Ce qui revient à concéder trop peu d’importance aux partis politiques et au concept de dialogue lui-même. Car, cet exercice était une simple information, émanant de l’administration » une communication institutionnelle du département destinée aux acteurs politiques.
Le leader de l’UFP fustige une démarche unilatérale,  qui montre clairement « qu’il n y a rien à attendre du futur dialogue » dont parle le gouvernement « qui va connaitre le même sort que les précédents, c'est-à-dire qu’il ne laissera pas de traces sur la scène politique».
Exposant la deuxième raison du rejet, Maouloud,  condamne « une loi liberticide, qui crée beaucoup d’obstacles au libre exercice de la création d’un parti politique. Déjà, le texte  modifié comportait des exigences pour le nombre d’individus dont la présence est  requise à l’Assemblée Générale Constitutive d’un parti politique. Ils ont ajouté de nouvelles exigences, liées à la représentativité dans les régions. Tout cela est discutable. Mais pourquoi alors  l’obligation de 5000 parrainages répartis dans la moitié des wilayas, introduits  dans le dossier de demande de récépissé ? Alors qu’il est possible de créer un parti et aller par la suite  à la conquête de milliers d’adhérents ». 
  Il y a aussi l’obligation de représentativité à 2 élections municipales consécutives, qui passe  de 1% à 2%, pour éviter la dissolution.
Alors que la première condition a déjà eu pour conséquences  la disparition de 80% des partis. L’élévation du barème devrait  entraîner l’effacement  de la plus grande partie des 20% restants ».
Toutes ces manœuvres ne favorisent pas « la libre expression démocratique » selon le président de l’UFP.
La troisième raison du rejet colle au caractère « d’une nouvelle qui n’apporte aucune amélioration » par rapport au comportement d’une administration, peu attachée au respect des dispositions légales, dans le cadre du  traitement des dossiers de demandes  de reconnaissance introduites par les partis politiques.
Un véritable recul démocratique, même comparée à l’ordonnance de 1991, adoptée sous un régime d’exception et  vieille de plus 33 ans.
 




Amadou Seck Seck
29/12/2024